En echo à l'article de Philippe sur la fermeture du magasin La Sonothèque, à brest ( http://canal.nantes.brest.over-blog.org/article-7159837-6.html ), je vous soumets aujourd'hui une lettre parrue dans le magazine les Inrockuptibles de la semaine dernière :
"Disquaire indépendant depuis 1992, la nouvelle m'a été envoyée par un ami le 4 octobre dernier : Roadiohead sort son nouvel album uniquement sur internet et on paie ce qu'on veut. Certes la nouvelle fait peut-être plaisir à entendre pour certains mais pour nous, disquaires indépendants au Luxembourg, c'est terrible. Que Radiohead soit fâché avec les maisons de disques c'est une chose, mais qu'il nous pénalise c'en est une autre. La plupart des albums sont souvent disponibles gratuitement deux mois avant les sorties officielles sur internet, quand ceux-ci sortent officiellement il y a toujours des personnes qui sont intéressées par l'objet et qui n'ont rien à faire d'avoir une copie MP3 merdique. Radiohead a certainement oublié que grâce aux disquaires un grand nombre de personnes les a découvert.
Tout le monde est pénalisé dans cette histoire. Aujourd'hui, je passe mon temps à expliquer à mes clients qu'il n'y a pas de sortie CD Radiohead support officiel pour l'instant, les fans sont dégoûtés. Si Arctic Monkeys, The Smashing Pumpkins, Prince, Pearl Jam, Hard-Fi, Babyshambles, B.R.M.C., Interpol ou encore Queens of the Stone Age avaient fait la même chose, nous aurions fermé depuis quelques temps déjà. A titre informatif, à Luxembourg-ville en 2002, nous étions cinq disquaires, aujourd'hui nous ne sommes plus que deux."
Après visite sur le site de Radiohead, il s'avère que l'acquisition du nouvel album peut s'effectuer de deux façons : un téléchargement en mp3 (160 Kbps, hum...) pour lequel l'acheteur donne ce qu'il veut, ou en commandant un superbe "discbox" qui inclue 2 CD (dont un de bonus) et 2 vyniles, photos et artwork pour la maudique somme de 40£ (soit environ 60€), uniquement disponible via le site, cela va sans dire.
Qu'en penser... le dernier album de Radiohead - poids lourd de la pop anglaise en terme de volume - a-t'il autant de valeur sans son support ? A titre personnel, je réponds non : le plaisir de retirer l'emballage, celui de sentir l'odeur du livret neuf, la curiosité et l'espoir de découvrir une présentation originale et enfin le Rituel Immuable de glisser le CD dans le lecteur avant de m'asseoir dans le canapé, à égales distances des deux enceintes, attendant le premier son pour me plonger dans les notes des pochettes ont sans doute une valeur marchande, que j'integre au prix du disque. D'autant que les productions du groupe sont réputées comme particulièrement soignées, alors écouter ça en mp3... autant donner de la confiture aux cochons...
J'entends d'ici les commentaires : "mon ptit gars, si t'es si tatillon et défenseur du bel ouvrage, pourquoi t'achettes pas le Discbox ?" réponse simple : my name is not Cresus ! c'est que j'ai une femme à habiller et un chat à nourrir, moi ! et 60€ pour une nouveauté c'est juste deux fois au-delà de mon prix plafond psychologique.
Conclusion : n'étant ni collectionneur de Radiohead, ni sourd au point de me farcir du mp3, je ferai partie des déçus qui n'entendront pas le son du dernier Radiohead et qui pourtant auraient volontiers dépensé la vingtaine d'euros nécessaire à l'acquisition d'un petit digipack (j'aurai même poussé jusqu'au boîtier cristal) et avec, du plaisir de retirer l'emballage, de sentir l'odeur du livret, etc. etc. Pire encore ! vous, fidèles bloggeurs, devrez aller chercher ailleurs une critique de ce disque qui mérite pourtant certainement que l'on s'y attarde.