Dans notre série "Les chansons des Beatles à la loupe"
GET BACK
1 – Composition
2 - Enregistrement
3 – Diffusion
4 - Versions de Paul McCartney
5 – Autres versions
1 – Composition
A quelques exceptions près, les signatures Lennon-McCartney ne signifient pas une collaboration parfaite et égale dans l’écriture de chansons. En effet la plupart du temps elles sont l’œuvre de l’un ou de l’autre.
Get Back est un de ces bons vieux rock dont Paul a le génie. Dans la même veine et du même auteur, on se souviendra au hasard de « I Saw Her Standing There », « I’m Down », « Back In the USSR ». Ceux qui disent ou écrivent que McCartney ne sait composer que des bluettes oublient souvent que l’Oncle Paul est l’auteur du titre le plus violent des Beatles « Helter Skelter ». Mais les réputations ont la vie dure…
Get Back a bien failli être le titre du dernier album des Beatles. En effet, les séances d’enregistrement de ce début 1969 étaient couramment désignées comme les « Get Back Sessions » et un premier album fut soumis à EMI sous le nom de cette chanson.
Selon Barry Miles, biographe de l'oncle Paul « Paul avait dans l’esprit un vague début de texte et de mélodie et commença à improviser autour de l’embryon de la chanson. John se joint à lui, et ils se mirent tous les deux à réfléchir à des paroles. Beaucoup des vers de la chanson furent tirés d’un journal, ce qui était typique de leur écriture. En l’occurrence, la chanson parlait de la situation des Kenyans qui arrivaient en masse en Grande-Bretagne avant l’adoption du dispositif législatif Commonwealth Immigration Bill, qui s’apprêtait à leur interdire l’entrée du territoire. A l’origine la chanson devait être une caricature au second degré des gens racistes… A propos de la fameuse « Jo Jo » Paul ajoute : « Beaucoup de gens ont depuis déclaré qu’ils étaient Jo Jo, mais ce n’est pas vrai, autant le dire tout de suite ! Je n’avais personne en tête spécialement, c’était un personnage de fiction, mi-homme, mi-femme, très ambigu. Je laissais souvent de l’ambiguïté dans mes chansons, j’aime faire ça dans mon écriture ».

2 – Enregistrements
« Get Back » fut travaillé à partir du 7 janvier 1969 (au Tweakenham studio) et enregistré du 23 au 28 janvier au nouveau studio d’Apple à Savile Row, à Londres (donc pas aux fameux studios d’Abbey Road).
Le 30 janvier, sur le toit d’Apple, les Beatles jouent trois versions de Get Back, dont la dernière à l’issue de laquelle Paul va déclarer : « Thanks Mo… » et John : "I would like to say thank you on behalf of the group and ourselves and I hope we've passed the audition"
Personnel :
Paul McCartney : Chant, basse (Höfner)
John Lennon : Chœurs, guitare solo (Epiphone Casino)
George Harrison : Guitare (Fender Télécaster)
Ringo Starr : Batterie (Ludwig)
Billy Preston : Piano électrique (Fender Rhodes)
Ingénieur du son : Glyn Johns
3 – Discographie du « Get Back »
3 enregistrements ont été publiés :
« Get Back » fera tout d’abord l’objet d’un 45 tours sorti en Grande Bretagne le 11 avril 1969, avec en face B, Don’t Let Me Down. C’est la version du 28 janvier avec le fameux coda. Le single Get Back se classera :
- numéro 1 en Grande Bretagne pendant 6 semaines et dans le top50 pendant 17 semaines.
- numéro 1 au billboard (USA) pendant 5 semaines.
On retrouve « Get Back » sur l’album Let It Be, sorti en mai 1970, soit un an plus tard. La version est celle enregistrée le 27 janvier. Mais le producteur Phil Spector trompe l’auditeur en ajoutant à la fin du morceau les commentaires enregistrés sur le toit d’Apple, laissant croire qu’il s’agit d’un enregistrement « on the roof top ».
En réalité, il faudra attendre l’Anthologie 3 (1996) pour entendre pour la première fois sur disque officiel l’une des trois interprétations de Get Back lors du concert sur le toit. Le son est nettement moins bon, les musiciens moins précis et des problèmes techniques nous privent des deux guitares pendant tout un couplet. Mais, comme le disent les notes de pochette : « C’est un moment historique : les Beatles chantent le dernière chanson de leur dernière performance en public ».
C’est la version single qui ouvre l’album Let It Be Naked (2003) avec un son prodigieux. Il suffit de comparer ce dernier avec le CD “Past Masters 2” (1988) pour s’en convaincre définitivement.
Quant à la version “Love” (2006), je penche pour la version “Naked” avec, en introduction, l’accord de “Hard Day’s Night”, puis en prelude, la partie instrumentale de “The End” sur laquelle a été ajoutée la montée de violon de “A Day In the Life”. L’enchaînement avec Glass Onion est particulièrement bienvenu.
Pour être complet, Get Back figure également sur les compilations « 1967-1970 » (double bleu - 1973) et « One ».
4 - Versions concerts de Paul McCartney
Tripping The Live Fantastic (1990). C’est donc plus de vingt ans plus tard que Paul reprend Get Back. Version plutôt sympa, énergique, avec le coda.
In Red Square (DVD – 2005)
Deux versions qui se valent, honnêtes mais pas exceptionnelles
5 – Autres versions
Sarah Vaughan « Songs of the Beatles » 1981. Une grande diva du jazz s’attaque à un répertoire inhabituel. Voix excellente (le contraire eut étonné) accompagnement limite disco, idéale pour les fans de Thriller (le blockbuster de Michael Jackson)
Blue Note Artists « Strawberry Fields » 1996 par Jahlisa (chant) & Junko Onishi (piano). Là encore une version assez funky avec un côté un peu prétentieux (histoire de rappeler que l’on est pas sur n’importe quel label !) Le solo de piano est techniquement parfait mais quelques accords de synthè viennent polluer l’ensemble. Dommage.
Anonymously Yours sur « Trojan Beatles Tribute Box Set ».(2004 mais morceau enregistré en 1969) Ah ! Le coffret reggae ! Beaucoup à jeter, un peu à garder. Ici nous sommes dans un no man’s land. C’est pas que c’est mauvais, mais c’est pas terrible non plus. Le solo de piano, aigrelet, force le sourire.
Enfin, nous n’ignorerons pas les redoutables Bidochons qui nous livrent une version française et iconoclaste, sous le titre « Get Claques » sur l’album potache « 4 Beadochons dans le vent » (1992). Globalement, ça casse pas des briques. Je préfère nettement « Pas d’Papier Water » (reprise de Paperback Writer). Non, Benoît, laisse tomber, j’ai déjà le lien vers « rire et chanson ».
Si vous en connaissez d’autres, n’hésitez pas à compléter.
Ceci dit, s’il ne fallait retenir qu’une version, sans hésiter ce sera celle de Let It Be…Naked.