AN PIERLE au Vauban (Brest)
8 novembre 2006.
Avec Sophie et Luc, nous arrivons quasiment à l’instant où le concert commence. Nous nous faufilons rapido sur le côté gauche, là où le piano est installé.
Voilà donc, sans attendre, la chanteuse et son groupe le White Velvet. Jolie comme tout dans sa petite robe verte à motif blanc, qui s’accorde à ravir avec ses cheveux blonds, elle traverse la scène avec un beau sourire pour s’installer au piano.
Pour beaucoup d’entre nous, le public, nous faisons nos retrouvailles avec la chanteuse / pianiste que nous avions découverte aux Vieilles Charrues en 2005 lors d’une soirée dédiée au rock belge (y’avait aussi Ginzhu, autre révélation du festival) Nous n’étions donc pas étonnés de la voir s’asseoir sur un énorme ballon qui lui sert de tabouret de piano. C’est original de voir ce petit bout de femme se dandiner sur le ballon mou. Les deux premiers titres ont du mal à me convaincre. Mais dès qu’elle entame « How Does It Fell » le charme opère et il ne nous quittera plus. Déjà agréable à regarder, elle l’est d’autant plus à écouter. Je trouve parfois des comparaisons. Comme en effet, ne pas faire le lien avec Axelle Red : toutes les deux flamandes, une tessiture vocale assez proche, une certaine ressemblance physique. De plus, toutes deux ont eu l’occasion de collaborer avec les fameux Zita Swoon.
Mais là s’arrête les points communs. Là où l’une n’en finit pas de lorgner avec plus ou moins de réussite vers la soul américaine des années 60, l’autre serait plutôt dans une veine purement anglaise ou, pourquoi pas, New Yorkaise. La référence au Velvet Underground n’est pas seulement sur le nom du groupe mais aussi par des petits moments de chaos musical.
Les musiciens du groupe qui l’accompagnent ont des allures de dandys trentenaires. Costumes sombres, cheveux longs, grosses lunettes pour deux d’entres-eux et instruments de légende. Non, franchement, la classe !!!
Et en plus, elle est super sympa, An. Un petit mot gentil pour les organisateurs, pour la salle, les chambres du Vauban. Elle lance des vannes mais craint d’être la seule à les comprendre « C’est de l’humour belge » dit-elle en s’esclaffant. Deux photographes n’ont quasiment pas arrêté de la mitrailler pendant le concert, quand même un peu lourd à force, même si j’ai laissé mon adresse email à l’un d’eux dans l’espoir qu’il m’adresse quelques photos (j'attend toujours !) An Pierlé ne se départit pas de son sourire, leur faisant un coucou de la main là où d’autres auraient montré clairement des signes d’agacement.
Ben oui, rien que pour ça, on a envie de l’aimer et on y parvient fort bien. Allez, parce qu’il me faut quand même garder une oreille critique, je dirai que tous les morceaux n’ont pas le même niveau de qualité, question composition. Mais les arrangements, en particulier sur les morceaux lents, sont de superbes écrins sur lesquels se pose la voix de la chanteuse. J’ai déjà dû utiliser cette expression quelque part, mais je l’aime bien (et puis, je ne lorgne pas le prix Goncourt, après tout).
Jouant sur les ambiances, elle nous fait asseoir pour un moment d’intimité, le temps d’une chanson. Plus tard, tandis que l’orchestre fait chauffer le rythme, la chanteuse se fraye un passage dans la foule comme pour atiser la braise.
Le gars devant moi, le photographe, n’arrête pas de lui lancer « Il est cinq heures, An !» faisant référence à la superbe reprise qu’elle en a fait. Elle lui répond par deux fois, dont la deuxième « Mais non, il n’est que dix heures trente ! ».
En guise de reprise, nous en aurons une de choix, interprétée avec panache et originalité. « C’est comme ça » des Rita Mitsouko. Le groupe quitte la scène, abandonnant un public conquis.
En rappel, elle revient seule au piano. Elle se mouche, le public applaudit. Elle tend son mouchoir et déclare, en se marrant : « Y’a quelqu’un qui le veut ? ». Puis ajoute « Vous allez dire : on préfère Axelle Red. Elle au moins, elle a des manières ».
Après une ultime chanson, les lumières de la salle se rallument, le public comprend que la chanteuse de reviendra pas.
A la sortie, à peine le show achevé, la revoilà derrière le stand du « marchandising » prête à une séance de dédicace. Allez, je fais la queue tandis que Luc commande les bières. Toujours aussi souriante, elle se plie aux demandes du public. Elle va même jusqu’à signer la set list et un billet de concert ! Tout le monde lui dit combien le concert était formidable et la gratifie de tous les compliments possibles. Du coup, je manque d’inspiration pour ajouter quoi que ce soit et tend mon disque pour une dédicace des plus banales. Ben oui, « c’est comme ça » on n’est pas obligé de briller tous les soirs !
Depuis deux jours, le disque tourne sur ma platine et il est vraiment excellent. J'ai comparé An Pierlé à Axelle Red et y mettant une limite. Le disque évoque avant tout une Kate Bush inspirée. Mais il ne faut pas réduire An Pierlé à des comparatifs : elle a un talent bien personnel.
Quelques photos supplémentaires pour les amateurs de matos :

