Deux concerts cette semaine ! Petit retour sur chacun d'eux, histoire de vous livrer quelques impressions de ces expériences « folk ».
Andrew Bird à l'Antipode de Rennes, 11 novembre 2007.
Andrew Bird est un songwriter. Pour stéréotyper, un songwriter est un gars qui déclame des textes à portée poétique, qui s'accompagne à la guitare folk, a les cheveux hirsutes et est habillé d'un gros pull en laine ou d'une chemise de bûcheron. Par exemple : Bob Dylan et Neil Young sont des songwriters. A l'inverse, Pascal Obispo ou Claude François n'en sont pas. J'ai connu Andrew Bird il y a quelques années grâce à son label, Fargo, qui édite en France des disques de songwriters, axé « americana » (mélange de folk, country, blues...) : le répertoire de qualité de ce label avait éveillé ma curiosité et j'avais mis un point d'honneur à découvrir chacun des artistes. A ce titre là, Andrew Bird m'avait séduit : violoniste de formation et technicien hors pair, vocaliste de talent et siffleur sans égal.
Ceci étant posé, revenons à notre concert. L'Antipode est une petite salle, une MJC de quartier, pour autant le son y est excellent, très précis. La première partie est assurée par le chanteur suédois Loney, Dear : une très heureuse découverte ! Entouré de ses musiciens, cet auteur, compositeur, interprète suédois propose une pop énergique et enjouée, dont les envolées instrumentales me rappelaient parfois Arcade Fire. Puis c'est au tour d'Andrew Bird d'entrer en scène. Il évolue en trio (un bassiste et un batteur / organiste) dans lequel lui-même assure les parties de violon, guitare et de chant, utilisant les techniques d'oversampling, c'est à dire qu'il enregistre des phrases de violon (parfois jusqu'à trois !) qu'il superpose ensuite pour s'accompagner lui-même : l'ensemble donne un résultat très étoffé, sorte de tapis moelleux sur lequel Bird n'a plus qu'à laisser glisser sa voix angélique, rappelant par moment celle de Tim Buckley. Mélodies et prouesses techniques font parfois bon ménage : c'était le cas ce soir là.
Vic Chesnutt à la Barakason de Nantes, 15 novembre 2007.
Alors que j'avais les yeux fixés sur le pare-chocs de la voiture de devant, bercé par le roulis des embouteillages nantais, ébloui par le reflet des phares sur la chaussée humide du périphérique, France Inter diffusait ce soir-là un extrait du dernier album de Vic Chesnutt, dont j'entendais le nom pour la première fois ; j’apprenais à la fin du morceau que ce Chesnutt serait en concert à Rezé – à quelques minutes de chez moi – dans deux jours. J’ai mis à profit ces deux jours pour me renseigner un minimum sur le bonhomme, et le moins que l’on puisse dire, c’est que sa vie ne ressemble pas à un long fleuve tranquille… à l’âge de 18 ans, un accident de voiture le cloue à un fauteuil roulant, s’ensuit une période d’addictions en tous genres, tentatives de suicide, puis une rencontre avec Michael Stipe (chanteur de R.E.M.) qui produira ses deux premiers albums en 1990 et 1991. Forcément, on comprend qu’on ne va pas passer une soirée comique… Détail intéressant, Chesnutt est aujourd’hui chez l’excellent label indépendant Constellation, connu pour ses artistes aux sonorités « post-rock » et réputé pour la qualité de ses productions tant sur l’aspect musical que sur le soin porté à l’artwork.
C’est également dans une MJC qu’a lieu le concert, mais le son y est beaucoup plus confus qu’à Rennes. En ouverture, nous écoutons Faustine Seilman et son orchestre : (très) jeune groupe local qui propose un folk-rock teinté d’accordéon et de scie musicale, un peu monotone par moment mais pas dénué d’intérêt. Le temps d’installer les instruments et le groupe suivant entre en scène : les musiciens d’abord (deux guitaristes, la section rythmique, une violoniste) puis Vic Chesnutt, qui cale son fauteuil à quelques dizaines de centimètres de moi. Incroyable, ce mec là dégage une rage inouïe, chacun de ses mouvements – difficiles – semble lui demander un effort surhumain et cinq bonnes minutes sont nécessaires à son installation. Sa musique aussi est rageuse, sorte de blues-rock aux tempos lents, les guitares alternent entre acoustique et saturation à outrance, faisant jaillir des amplis un son sale et pesant, son univers est le même que celui de Faulkner ou Nick Cave, plein de rancœurs, d’amertumes, noyant le rêve américain au fond des bayous. L’implication de Chesnutt dans ses chansons est totale, il chante d’une voix usée à la façon des bluesmen, du cri rageur au miaulement chétif, toujours saisissant.
Ce soir là, dans la nuit nantaise, ébloui par le reflet des phares sur la chaussée humide, je conduis, des images plein