
Ce blog, créé en octobre 2006, a pour mission de partager nos passions en musique, cinéma, bouquins et plein d'autres choses encore.
De Nantes à Brest, puisque ce sont les villes qui bornent notre éloignement géographique, nous utilisons le blog comme canal de nos coups de coeur !
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En echo à l'article de Philippe sur la fermeture du magasin La Sonothèque, à brest ( http://canal.nantes.brest.over-blog.org/article-7159837-6.html ), je vous soumets aujourd'hui une lettre parrue dans le magazine les Inrockuptibles de la semaine dernière :
"Disquaire indépendant depuis 1992, la nouvelle m'a été envoyée par un ami le 4 octobre dernier : Roadiohead sort son nouvel album uniquement sur internet et on paie ce qu'on veut. Certes la nouvelle fait peut-être plaisir à entendre pour certains mais pour nous, disquaires indépendants au Luxembourg, c'est terrible. Que Radiohead soit fâché avec les maisons de disques c'est une chose, mais qu'il nous pénalise c'en est une autre. La plupart des albums sont souvent disponibles gratuitement deux mois avant les sorties officielles sur internet, quand ceux-ci sortent officiellement il y a toujours des personnes qui sont intéressées par l'objet et qui n'ont rien à faire d'avoir une copie MP3 merdique. Radiohead a certainement oublié que grâce aux disquaires un grand nombre de personnes les a découvert.
Tout le monde est pénalisé dans cette histoire. Aujourd'hui, je passe mon temps à expliquer à mes clients qu'il n'y a pas de sortie CD Radiohead support officiel pour l'instant, les fans sont dégoûtés. Si Arctic Monkeys, The Smashing Pumpkins, Prince, Pearl Jam, Hard-Fi, Babyshambles, B.R.M.C., Interpol ou encore Queens of the Stone Age avaient fait la même chose, nous aurions fermé depuis quelques temps déjà. A titre informatif, à Luxembourg-ville en 2002, nous étions cinq disquaires, aujourd'hui nous ne sommes plus que deux."
Après visite sur le site de Radiohead, il s'avère que l'acquisition du nouvel album peut s'effectuer de deux façons : un téléchargement en mp3 (160 Kbps, hum...) pour lequel l'acheteur donne ce qu'il veut, ou en commandant un superbe "discbox" qui inclue 2 CD (dont un de bonus) et 2 vyniles, photos et artwork pour la maudique somme de 40£ (soit environ 60€), uniquement disponible via le site, cela va sans dire.
Qu'en penser... le dernier album de Radiohead - poids lourd de la pop anglaise en terme de volume - a-t'il autant de valeur sans son support ? A titre personnel, je réponds non : le plaisir de retirer l'emballage, celui de sentir l'odeur du livret neuf, la curiosité et l'espoir de découvrir une présentation originale et enfin le Rituel Immuable de glisser le CD dans le lecteur avant de m'asseoir dans le canapé, à égales distances des deux enceintes, attendant le premier son pour me plonger dans les notes des pochettes ont sans doute une valeur marchande, que j'integre au prix du disque. D'autant que les productions du groupe sont réputées comme particulièrement soignées, alors écouter ça en mp3... autant donner de la confiture aux cochons...
J'entends d'ici les commentaires : "mon ptit gars, si t'es si tatillon et défenseur du bel ouvrage, pourquoi t'achettes pas le Discbox ?" réponse simple : my name is not Cresus ! c'est que j'ai une femme à habiller et un chat à nourrir, moi ! et 60€ pour une nouveauté c'est juste deux fois au-delà de mon prix plafond psychologique.
Conclusion : n'étant ni collectionneur de Radiohead, ni sourd au point de me farcir du mp3, je ferai partie des déçus qui n'entendront pas le son du dernier Radiohead et qui pourtant auraient volontiers dépensé la vingtaine d'euros nécessaire à l'acquisition d'un petit digipack (j'aurai même poussé jusqu'au boîtier cristal) et avec, du plaisir de retirer l'emballage, de sentir l'odeur du livret, etc. etc. Pire encore ! vous, fidèles bloggeurs, devrez aller chercher ailleurs une critique de ce disque qui mérite pourtant certainement que l'on s'y attarde.
Civilians – septembre 2007 chez Pias / ANTI
Après Burgalat, je vous propose un voyage outre atlantique à la rencontre d'un autre producteur : Joe Henry. Un autre continent et un autre univers musical, bien plus proche des racines blues, soul et folk. Point d'électro ou d'easy listening chez cet homme, mais une approche bien plus puriste de la musique populaire américaine, essentiellement noire.
J'ai découvert Joe Henry il y a à peu près deux ans, au hasard des pages du magazine Muziq. A cette époque, Henry se faisait remarquer pour son art de remettre en selle d'anciennes étoiles de la Soul, leur concoctant tout spécialement quelques titres sublimes, qu'il arrangeait et produisait avec une extrême minutie et un respect authentique. Ainsi, Solomon Burke, Bettye Lavette, Mavis Staples, Allen Toussaint défilèrent dans son studio et retrouvèrent, le temps d'un album, le plaisir et l'éclat de leurs années de gloire. Deux disques illustrent à merveille ce travail : l'album de Bettye LaVette « I've Got My Own Hell To Rise » et la compilation « I Believe To My Soul », éditée chez Rhino (excusez du peu !), dans laquelle on retrouve le gratin des soulmen et soulwomen des années 60, sur des compos originales (et Billy Preston à l'Hammond B3, ça ne se refuse pas).
En parallèle de ce travail d'orfèvre, Henry compose et enregistre sous son nom. Plusieurs albums déjà salués par la critiques à maintes reprises, lui ont permis d'asseoir sa réputation et d'en faire un des producteurs les plus écoutés de la scène contemporaine. Civilians – sorti en septembre – est particulièrement délectable. Sur le plan de l'artwork d'abord : un digipack illustré de photos en noir et blanc, rappelant l'Amérique des années 60. Puis musicalement bien sûr, fidèle à ses convictions, Henry se laisse guider par ses influences et livre un album de toute beauté, reposant et apaisant, entre folk, jazz et soul. Sorte de rencontre entre Dylan, Tom Waits et Randy Newman.
Cet album est parfaitement recommandable à toute personne sachant s'émouvoir d'un accord de piano joué en sourdine, de quelques notes de guitare en picking, d'un swing un poil mélancolique. Avant de décorer l'album des quatre fameuses clefs, Hugo Cassavetti termine ainsi sa critique dans le Télérama n°3010 : « Imaginez un album de Tom Waits débarrassé de ses tics gueulards et de ses morceaux foutraques ou dissonants qu'on ne réécoute jamais : il pourrait bien ressembler à Civilians. » J'y souscris entièrement.
Le cas Burgalat
Dans le landerneau du petit univers musical français, Bertrand Burgalat est souvent cité en référence. Encensé par la critique, adulé par ses pairs, idolâtré par ses fans, ce producteur arrangeur auteur compositeur interprète remixeur DJ ne laisse pas indifférent. J'ai testé pour vous.
Rock & Folk septembre 2007, page 82, le redac-chef Manoeuvre himself écrit ses quelques lignes : « Dans un mood Motown, les deux hommes balancent un de ces morceaux pièce montée comme on croyait que seul Berry Gordy ou Gramble & Huff en avaient le secret. » plus loin on lit « Oeuvre presque parfaite... » ; l'objet du délit : le dernier Burgalat, Chéri BB, que la presse musicale soutient massivement vient de paraître, exclusivement distribué sur Itunes ou en commande sur le site du label. La réputation du monsieur n'étant plus à faire et ce petit jeu de piste m'amusant, je commande ledit objet ainsi qu'un live de Burgalat avec le groupe AS Dragon parut en 2001 dont j'avais entendu tellement de bien.
Avant d'évoquer ces disques, les présentations : Burgalat est né en Corse en 1963, fils de haut fonctionnaire, il apprend le piano jusqu'au jour où âgé de dix ans, il assiste à un concert de Pink Floyd et trouve sa vocation. Décidé à faire carrière, il fait ses armes comme producteur, notamment pour un groupe d'indus slovène Laibach, avant de développer son propre style. La musique de Burgalat est profondément encrée dans les années soixante, toutes les années soixante : la soul de Motown, la période yéyé, le rock progressif, tout ceci est peint avec malice et remodelé dans une atmosphère d'electropop et d'easy listening. Admettons-le, sa musique n'est pas forcément évidente d'accès, Burgalat étant avant tout producteur, ça s'entend : couche sur couche, nappes d'orgues, basses aériennes, textes chuchotés et longues envolées phoniques... on est plus proche de la musique de laboratoire que du power trio !
Mais toute présentation de Burgalat serait incomplète si l'on n'évoquait pas le Label Tricatel, bébé chéri de notre Chéri BB. Créé il y a une dizaine d'années, Tricatel est un label qui regroupe une trentaine d'artistes et dont le studio d'enregistrement se trouve à Paris. Petite entreprise artisanale, Tricatel suit son bonhomme de chemin sans dévier de sa route et de ses exigences. Parmi les artistes étiquetés Tricatel, on retrouve quelques vieux à l'instar de David Whitaker (arrangeur légendaire, Gainsbourg, le Comme d'habitude de Cloclo, Lee Hazlewood, Air, Daho, Eurythmics, ...), quelques succès comme Helena Noguerra, un album des High Llamas, l'américaine April March, ou encore Michel Houellebecq, Valérie Lemercier, ou le groupe AS Dragon dont nous reparlerons plus loin.
Comme précisé plus haut, mon choix s'est porté en premier lieu sur le dernier opus signé Burgalat : Chéri BB. J'ai trop peu de recul pour en faire une critique sérieuse, mais je peux livrer ici quelques premières impressions : le début de l'album surprend. Deux instrumentaux à tendance progressive devraient ravir l'amateur de claviers. A partir du troisième titre, Burgalat greffe des textes ; bien entendu il chante assez mal, même si sa voix me rappelle un peu celle d'Eno, sa musique aussi parfois... Le titre cinq est remarquable, This Summer night est une collaboration avec le légendaire Robert Wyatt (Soft Machine) qui prête sa voix sur ce titre soul, sucré, sexy, superbement arrangé et produit, réellement une pépite, comme le soulignait Manoeuvre dans sa critique de septembre. Bonne impression générale donc, même si parfois un peu hermétique et poussif dans les arrangements, plus spectorien que Spector, ce mélange d'électro, d'easy-listening fait tout de même mouche, quelque part entre Air, Gainsbourg, Philippe Katerine, Steevy Wonder ou les Temptations...
L'autre album sélectionné est un live qui témoigne de la rencontre de Burgalat et du groupe rock AS Dragon, fer de lance de Tricatel. A sa sortie en 2001, ce disque avait également reçu un accueil des plus chaleureux. C'était donc pour moi l'occasion de faire aussi connaissance avec AS Dragon qui comptait parmi ses membres un guitariste fort apprécié sur ce blog, le suédois Peter Von Poehl. Ce disque est intéressant en plusieurs points : d'abord c'est une live, donc pas ou peu de triche, puis le côté rock d'AS Dragon donne une autre dimension aux compositions de Burgalat. Encore une fois, il est un peu tôt pour donner un avis définitif mais la première impression est assez bonne, sans doute plus accessible que Cheri BB tout en gardant la « Burgalat's Touch », ce live est tout à fait recommandable pour une entrée dans l'univers Tricatel.
Burgalat est bel et bien un personnage à part de la scène francophone, un sens de la mélodie extraordinaire, un arrangeur et producteur de très grand talent, on retrouve son travail sur bien des albums, comme l'excellent disque de reprises de Gainsbourg de Mick Harvey (l'un des Bad Seeds de Nick Cave) sorti en 1995 et dont Burgalat avait signé les arrangements. La visite du site http://www.tricatel.com/ permet d'en apprendre un peu plus, de consulter quelques extraits sonores et vidéo ou éventuellement de passer commande d'un album ou deux...
Lu sur un blog, un court "hommage" à Pavarotti. Dans la série "plus c'est court, meilleur c'est"
http://zicdelanmil.over-blog.com/article-12208515.html
Sinon, vous l'avez remarqué, le blog tourne un peu au ralenti ces jours-ci. Normal, la rentrée nous retrouve tous les trois bien accaparés... Nous devrions retrouver le rythme dès le mois prochain !
Philippe
Paul McCARTNEY- MEMORY ALMOST FULL
Par Patrick Eudeline